par Jean-Louis Bringuier
La croix latine, symbole de la religion chrétienne, s’est généralisée au IVe siècle sous l’empereur romain Constantin. Cette croix dite de la passion rappelle le sacrifice de Jésus mais le Christ n’est véritablement apparu sur la croix qu’à partir du VI ou VIIe siècle.
On dénombre sur la commune (malgré les disparitions), plus d’une cinquantaine de croix réalisées dans les matériaux aussi divers que le bois, la pierre, le métal et même le ciment. A l’origine, les croix étaient en bois puis elles furent l’œuvre de tailleurs de pierre ou de sculpteurs pour ensuite être réalisées en métal, la fonte remplacera le fer forgé au milieu du 19ième siècle. Toutes ces croix avaient vocation de christianiser les lieux et leur nombre important sur la commune riche au moyen âge de 3 paroisses, témoigne de la ferveur chrétienne et de son enracinement. Elles étaient bénies et la plus-part faisait l’objet de processions. D’une grande diversité on citera :
– les croix de chemins répandues au moyen âge pour christianiser les lieux. On les rencontre à la croisée des chemins, elles guident et protègent le voyageur sur les chemins de pèlerinage.
– les croix de carrefours pour les processions et rogations ou sur la voie des convois funéraires.
– les croix de mission sont apparues au début du 17ième siècle (après la signature de l’édit de Nantes 1598) et celles des Lazaristes ordre religieux de Saint Vincent de Paul après sa fondation en 1625.
– les croix mémoriales, témoins d’une mort brutale ou d’un évènement heureux ou malheureux et celles se trouvant sur les monuments aux morts.
– les croix de limites signalant l’entrée et la sortie d’un village.
On trouve aussi d’autres types de croix, celles des places, d’églises, de cimetières, de ponts, de maisons, de sources, de fontaines etc.
Certaines croix notamment les croix de mission en fer forgé sont ornées de symboles de la crucifixion, sur la vingtaine de symboles connus, les plus répandus sont la lance, le glaive et l’éponge, le marteau, la tenaille et les clous, l’échelle, le soleil etc. Certaines croix comportent la proclamation dite de Ponce Pilate : INRI se traduisant « Jésus de Nazareth Roi des Juifs ». Il existe également des croix en pierre ornées sur les deux faces.


Parmi les croix remarquables de la commune on trouve le Christ en croix, statue en bois peint du XIVe siècle objet mobilier classé qui est la plus ancienne, ainsi que la croix en fer forgé fleur de lysée couronnant la stèle gallo-romaine.
Ces deux croix font partie du mobilier historique protégé de la chapelle Notre-Dame des Champs.

La plus ancienne date gravée sur une croix en pierre ornée se trouve sur la placette de Liaucous : on peut y lire la date de 1672.


Et juste à côté à l’entrée du village de Liaucous, une autre croix en pierre plus modeste indique la date de 1720.


Tout comme celle se trouvant sur la route du Massegros au carrefour du chemin menant dans le ravin des Arziolles.
A Comayras, existe également une autre croix ancienne en pierre datée de 1689.


Concernant les croix en fer forgé on en trouve plusieurs du XVIIIe siècle : la croix de chemin ornée du Mas de La Font, au départ du sentier de St-Marcellin.

Celle du chemin de Langlas


ou encore celles se trouvant sur les anciens chemins menant à Liaucous (1730).


Deux maisons de Mostuéjouls possèdent joliment intégrées dans leur façade une croix en fer forgé fleur de lysées pour l’une et pour l’autre en forme de pointe de lance vraisemblablement de cette même époque.

Une belle et imposante croix de mission riche de ses ornements, érigée sur un socle particulier de forme triangulaire et datée de 1787 marque l’entrée de la place de l’église St Sauveur de Liaucous.


Mais la richesse et la diversité des croix implantées sur la commune ne s’arrêtent pas là, car on peut y découvrir au carrefour situé au bas du village de Mostuéjouls, la croix monumentale du Thérondel remarquable par l’expression touchante et naïve de son Christ.


Celle se trouvant perchée sur un mur au bas de la rue des Jardins et réalisée avec des éléments récupérés d’anciennes colonnes en pierre.
Ou bien dans le cimetière de N-D des Champs l’emblématique tronc d’arbre aussi élancé que noueux sur lequel le Christ est crucifié à plusieurs mètres de haut.


L’entrée de ce même cimetière est surmontée d’un ouvrage en pierre symbolisant les trois croix du Golgotha.
On peut citer également l’imposante croix de mission du XIXe siècle située sur la place de l’église paroissiale couronnant le monument aux morts de Mostuéjouls dont les plaques de marbre ont été greffées sur son socle et dont la base a été enrichie d’une Piéta en fonte inattendue.


Enfin on peut mentionner les croix de fonte plus récentes correspondant à la fin du 19ième siècle à une production plus industrielle de ce symbole religieux, souvent d’un décor chargé, elles étaient réalisées par moulage ce qui permettait une plus grande diffusion malgré de fortes ressemblances et une certaine lourdeur dans leur expression. On peut apercevoir une 1ière croix de ce type majestueusement installée au dessus du lavoir de Mostuéjouls.
Puis, de dimensions plus modestes, à l’allure penchée au croisement du chemin de la Colombière et de la route d’accès au village de Mostuéjouls.


Ainsi que 2 autres sur la route de Liaucous menant au Causse.